Histoire de la violence, Edouard Louis

Publié le par Alice

Histoire de la violence, Edouard Louis

Résumé éditeur

J’ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m’a abordé dans la rue et j’ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée en France de son père, qui avait fui l’Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer. Il m’a insulté, étranglé, violé. Le lendemain les démarches médicales et judiciaires ont commencé.

Plus tard, je me suis confié à ma soeur. Je l’ai entendue raconter à sa manière ces événements.
En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l’émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence.

 

En finir avec Eddy Bellegueule est le premier roman de cet auteur ; je ne l'avais pas lu, peu attirée par le genre autobiographique et pathétique.

Pourtant, les talents littéraires d'Edouard Louis ont tant été vantés que je n'ai pas pu résister à la sortie de son second roman, Histoire de la violence donc.

Bon, comment en parler... déjà il n'a pas de bol quand même le type. Après son enfance misérable, il publie un livre qui connait un grand succès, trouve un semblant d'apaisement avant de se faire violer et presque assassiner par un type avec lequel il couche après s'être fait accoster dans la rue.

C'est vrai que "le travail" sur la narration est vraiment passionnant, que les qualités littéraires sont incontestables, mais quand même... que c'est sordide !

Le soir de Noël 2012, en rentrant chez lui après une soirée avec des amis, Edouard se fait "brancher" par Reda. Après avoir repoussé vainement ses avances, celui-ci se laisse charmer et le fait monter chez lui. Ils font l'amour à plusieurs reprises, Reda lui raconte son enfance difficile, il se confie un peu (à condition que ce soit la vérité). Et puis, au moment où Edouard sort de la douche et s'aperçoit que sa tablette et son téléphone ont disparu, il accuse Reda (qu'il sait forcément coupable) et lui ordonne avec entêtement de rendre ce qu'il a volé.

Reda se braque, perd pied, et devient violent. Tellement, qu'il l'étrangle avec son écharpe et le viole avant de s'enfuir en s'excusant.

Edouard après avoir nettoyé furieusement les traces visibles de ce moment, se rend aux urgences et, sous la pression de ses deux amis, au commissariat pour un dépôt de plainte. C'est une autre violence qui s'enclenche : celle des mots que l'on pose sur les actes, celle du racisme (quand les flics lui font dire et répéter l'origine de son agresseur), celle de l'écoute, celle des silences et des maladresses.

Edouard répète inlassablement à qui veut l'entendre (ou pas), en s'impatientant de dire le viol et la tentative de meurtre. Et nous, lecteurs, apprenons ce qu'il a vécu vraiment par le biais de sa soeur, qui, en un long monologue (ou dialogue silencieux), rapporte à son mari le récit détaillé, plein de digressions, que son frère lui a fait de l'épisode.

 

J'ai aimé? Pas aimé? Pas évident de trancher. Le sujet est particulièrement sordide mais l'angle pris par la narration particulièrement original et intéressant.

On cherche la lueur, l'espérance même si l'amitié semble être un sentiment porteur voire salvateur pour l'auteur. Finalement, je crois que j'attendrai avec impatience qu'Edouard Louis soit un homme plus heureux, plus apaisé pour pouvoir davantage rêver en le lisant...

 

 

Histoire de la violence, Edouard Louis

Editions du Seuil, 2016

Publié dans Roman autobiographique

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