Territoires, le polar réaliste et engagé d'Olivier NOREK

Publié le par Alice

Territoires, le polar réaliste et engagé d'Olivier NOREK

Résumé éditeur

Depuis la dernière enquête du capitaine Victor Coste, le calme semble être revenu au SDPJ 93. Son équipe, de plus en plus soudée, n'aura cependant pas le temps d'en profiter. L'exécution sommaire, en une semaine, des trois jeunes caïds locaux de la drogue va tous les entraîner dans une guerre aussi violente qu'incompréhensible. Des pains de cocaïne planqués chez des retraités, un ado de 13 ans chef de bande psychopathe, des milices occultes recrutées dans des clubs de boxe financés par la municipalité, un adjoint au maire torturé, retrouvé mort dans son appartement, la fille d'un élu qui se fait tirer dessus à la sortie de l'école... Coste va avoir affaire à une armée de voyous sans pitié : tous hors la loi, tous coupables, sans doute, de fomenter une véritable révolution. Mais qui sont les responsables de ce carnage qui, bientôt, mettra la ville à feu et à sang ? Avec son deuxième polar admirablement maîtrisé, Olivier Norek nous plonge dans une série de drames – forcément humains – où seul l'humour des " flics " permet de reprendre son souffle. Un imbroglio de stratégies criminelles, loin d'être aussi fictives que l'on croit, dans un monde opaque où les assassins eux-mêmes sont manipulés.

 

Après Code 93, Olivier NOREK plante le même décor de banlieue, les mêmes flics, dirigés par Coste, pour une enquête politico-sociale.

Des trafics entre les immeubles qui garantissent à Madame le Maire une relative paix sociale à coups de logements HLM, de vacances en bord de mer et d'assistants repris de justice, anciens caïds, à même de mater les insurrections naissantes.

Pas de faits divers tranquilles : de la violence à l'état brute, gratuite. Des gosses qui torturent à tour de bras, des vieux qui deviennent "nourrices", l'Etat coupable et victime.

Et pourtant, il y a une humanité folle chez ces policiers qui tentent de ne pas oublier de vivre, d'aimer, construire leur vie.

La ville est viciée, corrompue, des plus faibles aux plus forts. Personne n'espère, la survie est la règle. Et pourtant c'est notre monde, celui qui redoute les émeutes des banlieues, fragilisé par le traumatisme des émeutes des banlieues, réelles, elles.

 

 

- Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi depuis une dizaine d'années les émeutes ne durent jamais plus de quatre jours? Et pourquoi ces émeutes ne quittent jamais la commune d'où elles surgissent?

- Je n'en ai aucune idée.

- Rappelez-vous Clichy-sous-Bois. Vingt et une nuits d'affrontements répandus sur différentes villes et presque tout le territoire. Un état d'urgence décrété et une addition de plusieurs centaines de millions d'euros. Le gouvernement a vite compris que pour faire des économies, il fallait tuer ces soulèvements dans l'oeuf. Et tout spécialement ceux du 93.

- Pourquoi la Seine-Saint-Denis aurait-elle un traitement de faveur?

- Parce que nous sommes le paillasson de Paris. Toute la politique est centrée dans la capitale et quand ça brûle en banlieue, l'odeur arrive jusque sous leur fenêtre. Nous sommes trop proches du coeur pour qu'ils acceptent que la situation s'envenime. Regardez comme on laisse Marseille et la Corse à la dérive. Juste parce qu'ils sont si loin du centre qu'ils sont considérés comme presque indigènes. Et encore, c'est la métropole. Dans toutes les Antilles, les mouvements sociaux ont été ignorés et ont dégénéré mais depuis, rien n'a réellement changé. Vous savez que, cette année, il y a eu deux fois plus de règlements de comptes en Guadeloupe que dans les Bouches-du-Rhône? Et pourtant, le battage médiatique s'est cantonné à Marseille. Je vous assure que plus on se rapproche géographiquement de l'Elysée, moins on a de chances d'être oubliés. Le gouvernement n'autorisera pas son voisin du 93 à s'enliser dans une insurrection.

 

Territoires, d'Olivier NOREK

Editions Pocket, 2015.

 

Publié dans Polar, Thriller, Coup de coeur

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